Avant même l’arrivée des drogues 2.0 comme la réalité virtuelle, la drogue traditionnelle fait déjà des ravages. Demain, la réalité virtuelle nous envoûtera car l’IA saura exactement comment fasciner notre cerveau et le maintenir sous sa coupe.
(...) le jeu de go est magnifiquement compris par une IA en quelques jours, alors que les humains bénéficiaient de 3 000 ans d’expérience. Comme le dit fort justement Yann Le Cun, le patron de l’IA chez Facebook : « Nous allons vite nous apercevoir que l’intelligence humaine est limitée. »
La prochaine blessure narcissique concernera les artistes et notamment les musiciens. L’IA va nous transformer en nous faisant découvrir de nouvelles formes de pensée et de nouvelles formes d’art. L’IA pourrait créer une musique qui produirait une extase à mille lieues de la personnalisation des playlists par Spotify ou Apple Music. L’IA deviendra notre pourvoyeur de drogues dures en créant un art personnalisé en fonction de nos caractéristiques génétiques et cognitives qu’elle connaîtra mieux que quiconque. Ainsi, les IA faibles vont devenir les plus grands artistes que l’humanité ait connus. Sans savoir qu’elles existent, ce qu’elles font, ni ce qu’est l’art. Ces productions artistiques pourraient devenir un terrible instrument de manipulation : aux mains d’humains pervers et manipulateurs, ou plus tard, d’IA fortes voulant asservir notre espèce. Consciente ou pas, l’IA musicale sera une drogue plus violente que l’héroïne !
La drogue dure du xxie siècle sera l’IA, et ses dealers auront pignon sur rue. Les géants du numérique vous vendront tous les services, de l’assurance à la banque en passant par la sécurité et la santé. Service ultime : ils nous vendront du bonheur.
Le risque d’hyperterrorisme poussera à l’utilisation de l’IA pour surveiller la population en utilisant les mêmes procédés que l’appareil policier chinois. La nécessité de contrôler les technologies hyperterroristes rentrera de plus en plus en tension avec l’aspiration démocratique à la liberté : l’attentat du Bataclan a été préparé sur Facebook. Dans une civilisation qui abhorre le risque et veut tout contrôler, le choix entre sécurité et liberté sera vite fait. Nick Bostrom est convaincu que le contrôle des risques technologiques exigera la mise en place d’une société de surveillance à l’image du cybercontrôle chinois.
Laurent Alexandre, La guerre des intelligences à l'heure de ChatGPT, JC Lattès.
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