Liviu Poenaru
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The perplexity of having dared... the perplexity of having succeeded in transforming us into productive, consumable animals, consumers of artificial objects whose absence is associated with growing anxiety that once again locks us into the vicious circle of consumption! How is it that ridiculous objects and needs have become the dictators of our lives, our choices, our unconscious minds? How is it that we have been conditioned and imprinted, like Pavlov's dogs and Lorenz's geese, to the codes of the economic unconscious, leading to imprisonment in vital, anxiety-inducing artificiality?
First, we must acknowledge that consumer society is based on an economic model where growth is often measured by increased consumption of goods and services. In this context, businesses and industries have an intrinsic interest in creating and promoting new needs among consumers to stimulate demand for their products. A key aspect of creating consumer needs is the use of sophisticated marketing techniques, which often exploit individuals' emotions, aspirations, and desires to generate a desire to acquire specific products or services. These techniques may include targeted advertising, influencer marketing, product placement in media, and elaborate branding strategies.
Technological innovation constantly fuels the creation of new products and services. While some innovations can offer tangible benefits and improve quality of life, others may create artificial needs by emphasizing features or characteristics that are not essential but are presented as such to encourage purchases. Additionally, social and cultural norms play a capital role in creating consumer needs. Social pressures to follow trends, maintain a certain level of status, or meet societal expectations can lead individuals to consume products or services they perceive as indispensable, even if they are not objectively necessary.
Consumption needs that become indispensable are closely linked to our material, emotional, and social well-being. When these needs are not met, it can lead to feelings of anxiety and insecurity, highlighting both the importance of these needs in our lives and the potential negative consequences of their absence. Basic needs such as food, water, shelter, and clothing are essential for our survival and physical health. When these needs are not met, it can lead to significant distress and anxiety related to safety and survival. In an increasingly consumption-oriented society, certain needs are perceived as essential for maintaining a certain level of comfort and quality of life. Access to technology, healthcare, education, and leisure activities can be considered essential for adapting to social norms and fully participating in modern life.
When these needs are not met, it can lead to anxiety related to the ability to meet social expectations, fear of marginalization, and a decrease in self-esteem. Furthermore, in a context where success and happiness are often associated with the possession of material goods and a certain level of material comfort, the lack of these elements can reinforce feelings of insufficiency and failure.
Thus, modern consumer society creates a constant sense of need for novelty and improvement, which can generate anxiety related to the fear of missing out on the latest trends or not meeting the standards of success defined by the dominant culture. This "race to consume" perpetuates a cycle of anxiety and insatiable desire, where individuals constantly seek to fill an inner void with material goods or ephemeral experiences.
One way to describe these needs is to refer to them as "conditioned" or "manufactured" needs, as they are often the result of deliberate manipulation of individuals' desires and aspirations by businesses and consumption industries. These needs are often constructed around a specific product, brand, or lifestyle, and are promoted as indispensable for achieving a certain level of happiness, success, or social acceptance.
Another way to describe them is to consider them "perceived" needs, as they are often based on perceptions and beliefs rather than real and objective needs. The idea that the latest smartphone or a luxury car is essential to being fashionable or successful in life is largely influenced by social and cultural norms rather than material necessities.
Some might also describe them as "illusory" or "illusorily indispensable" needs, as they create an illusion of satisfaction or fulfillment, but in reality, they can contribute to a sense of inner emptiness or chronic dissatisfaction. These needs are often associated with a relentless pursuit of happiness and success through the possession of material goods or the accumulation of wealth, but they can often leave individuals feeling empty and unsatisfied despite their acquisitions.
Therefore, we are conditioned for both anxiety and artificial needs simultaneously in modern consumer society. These two phenomena are often interconnected and reinforced by the same social, cultural, and economic forces. Artificial needs created by marketing and advertising contribute to anxiety by fostering a sense of constant lack or dissatisfaction. At the same time, anxiety can also be exploited by businesses and consumption industries to promote their products and services. Advertising campaigns that play on individuals' fears and insecurities, such as the fear of failure, social isolation, or aging, can drive consumption by promising quick and easy solutions to these concerns.

CONDTIONNÉS POUR LES BESOINS ARTIFICIELS ET L'ANXIÉTÉ?
La perplexité d’avoir osé... la perplexité d’avoir réussi à nous transformer en animaux productifs, consommables, consuméristes d’objets artificiels dont l’absence est associée à une anxiété croissante qui nous enferme à nouveau dans le cercle vicieux de la consommation. Comment se fait-il que des objets et des besoins ridicules soient devenus les dictateurs de nos vies, de nos choix, de nos inconscients? Comment se fait-il que nous ayons été conditionnés et empreints, comme les chiens de Pavlov et les oies de Lorenz, aux codes de l’inconscient économique jusqu’à l’emprisonnement dans l’artificiel vital et anxiogène?
Reconnaissons d’abord que la société de consommation repose sur un modèle économique où la croissance est souvent mesurée par la consommation accrue de biens et de services. Dans ce contexte, les entreprises et les industries ont un intérêt intrinsèque à créer et à promouvoir de nouveaux besoins chez les consommateurs afin de stimuler la demande pour leurs produits. Un aspect clé de la création de besoins de consommation est l'utilisation de techniques de marketing sophistiquées, qui exploitent souvent les émotions, les aspirations et les désirs des individus pour susciter un désir d'acquérir des produits ou des services spécifiques. Ces techniques peuvent inclure la publicité ciblée, le marketing d'influence, le placement de produits dans les médias et les stratégies de branding élaborées.
L'innovation technologique alimente constamment la création de nouveaux produits et services. Bien que certaines innovations puissent offrir des avantages tangibles et améliorer la qualité de vie, d'autres peuvent créer des besoins artificiels en mettant en avant des fonctionnalités ou des caractéristiques qui ne sont pas essentielles mais qui sont présentées comme telles pour inciter à l'achat.
Les normes sociales et culturelles jouent un rôle capital dans la création de besoins de consommation. Les pressions sociales pour suivre les tendances, pour maintenir un certain niveau de statut ou pour satisfaire aux attentes de la société peuvent conduire les individus à consommer des produits ou des services qu'ils perçoivent comme indispensables, même s'ils ne le sont pas objectivement.
Les besoins de consommation qui deviennent indispensables ont ainsi un lien étroit avec notre bien-être matériel, émotionnel et social. Lorsque ces besoins ne sont pas satisfaits, cela peut entraîner un sentiment d'anxiété et d'insécurité, ce qui souligne à la fois l'importance de ces besoins dans nos vies et les conséquences négatives potentielles de leur absence. Les besoins de base tels que la nourriture, l'eau, le logement et les vêtements sont essentiels à notre survie et à notre santé physique. Lorsque ces besoins ne sont pas satisfaits, cela peut entraîner une détresse significative et une anxiété liée à la sécurité et à la survie. Dans une société de plus en plus axée sur la consommation, certains besoins sont perçus comme indispensables pour maintenir un certain niveau de confort et de qualité de vie.
L'accès à la technologie, aux soins de santé, à l'éducation et aux loisirs peut être considéré comme essentiel pour s'adapter aux normes sociales et pour participer pleinement à la vie moderne. Lorsque ces besoins ne sont pas satisfaits, cela peut entraîner une anxiété liée à la capacité de se conformer aux attentes sociales, à la peur de la marginalisation et à une baisse de l'estime de soi. De plus, dans un contexte où la réussite et le bonheur sont souvent associés à la possession de biens matériels et à un certain niveau de confort matériel, le manque de ces éléments peut renforcer les sentiments d'insuffisance et d'échec.
Ainsi, la société de consommation moderne crée un sentiment de besoin constant de nouveauté et d'amélioration, ce qui peut générer une anxiété liée à la peur de manquer les dernières tendances ou de ne pas être à la hauteur des standards de réussite définis par la culture dominante. Cette "course à la consommation" perpétue un cycle d'anxiété et de désir insatiable, où les individus cherchent constamment à combler un vide intérieur avec des biens matériels ou des expériences éphémères.
Une manière de qualifier ces besoins est de les décrire comme étant "conditionnés" ou "fabriqués", car ils sont souvent le résultat d'une manipulation délibérée des désirs et des aspirations des individus par les entreprises et les industries de la consommation. Ces besoins sont souvent construits autour d'un certain produit, d'une marque ou d'un style de vie, et sont promus comme indispensables pour atteindre un certain niveau de bonheur, de succès ou d'acceptation sociale.
Une autre façon de les qualifier est de les considérer comme des besoins "perçus", car ils sont souvent basés sur des perceptions et des croyances plutôt que sur des besoins réels et objectifs. L'idée qu'un smartphone dernier cri ou une voiture de luxe sont indispensables pour être à la mode ou pour réussir dans la vie est largement influencée par des normes sociales et culturelles plutôt que par des nécessités matérielles.
Certains pourraient également les qualifier de besoins "illusoires" ou "illusoirement indispensables", car ils créent une illusion de satisfaction ou de réalisation, mais en réalité, ils peuvent contribuer à un sentiment de vide intérieur ou à une insatisfaction chronique. Ces besoins sont souvent associés à une quête incessante de bonheur et de réussite à travers la possession de biens matériels ou l'accumulation de richesses, mais ils peuvent souvent laisser les individus se sentir vides et insatisfaits malgré leurs acquisitions.
Nous sommes, par conséquent, conditionnés pour l'anxiété et les besoins artificiels simultanément dans la société de consommation moderne. Ces deux phénomènes sont souvent interconnectés et renforcés par les mêmes forces sociales, culturelles et économiques. Les besoins artificiels créés par le marketing et la publicité contribuent à l'anxiété en alimentant un sentiment de manque ou d'insatisfaction permanente. Parallèlement, l'anxiété peut également être exploitée par les entreprises et les industries de la consommation pour promouvoir leurs produits et services. Les campagnes publicitaires qui jouent sur les peurs et les insécurités des individus, telles que la peur de l'échec, de l'isolement social ou du vieillissement, peuvent inciter à la consommation en promettant des solutions rapides et faciles à ces préoccupations.
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